Descriptif
Informations
Un jeu infini peut naître de ces questions irrésolues. Car l’enveloppe muette de cet inconnu m’autorise une infinité de projections. Ses traits fatigués pourraient raconter qu’il ne dort pas assez, sa posture fermée dirait de lui qu’il est timide depuis l'enfance. Ce jeune homme en sportswear ressemble à un hooligan, ce militaire et sa femme sont très provinciaux, cette femme est une icône de vulgarité. Réceptacle des histoires qu’il m’évoque, le corps figé de cet autre jusque-là insignifiant se transforme en spectacle. Certains me regardent, me fixent, me dévisagent ou me sourient, je me souviens alors que je suis moi-même un de ces corps figés, livré à leur imagination…
Qui sont donc ces gens, sinon des images façonnées par mon propre regard ? Qui sommes-nous, au sein de la foule, sinon des spectres, irradiés par le regard de l’autre ? Et si la photographie se rendait complice de ces artefacts ? Elle ne serait ni copie du réel ni émanation du passé, mais fabrication d’images. Et si ces figures s’animaient ? Le corps de l’autre se détacherait de ce qui l’avait justement figé. Leurs réactions, leurs interactions, leur « vie » surprendraient peut-être l’image que j’en avais. Ou peut-être seraient-elles, au contraire, délicieusement attendues…
Installation photo et vidéo avec une série de 72 portraits, photographie couleur numérique, format d’exposition : 90cm par 60cm et une vidéo disposée en boucle et en canon sur trois écrans. La vidéo est constituée de 11 histoires découpées en 25 micro-métrages sur une durée totale de 30 mns.