Descriptif
Informations
« Á ce moment-là de l’histoire, je me trouvais dans ce qu’on appelait la dépense dans la petite maison avec laquelle communique la grande maison. J’étais seule. J’attendais Michelle Porte dans cette dépense-là. Je reste souvent ainsi seule dans des endroits calmes et vides. Longtemps. Et c’est dans ce silence-là, ce jourlà, que tout à coup j’ai vu et entendu à ras du mur, très près de moi, les dernières minutes de la vie d’une mouche ordinaire. » Dans sa dépense, un seul détail, quasi imperceptible : une tache noire en évidence sur les murs blancs, les derniers soubresauts d’une mouche. Autour d’elle, plus rien n’existe : entre fascination et répulsion, Marguerite Duras reste là assise par terre, comme hypnotisée, à l’observer se débattre contre la mort. L’espace entier devient le réceptacle de cet événement. De ce texte, qui sublime un détail banal, émane une folie de la répétition qui disperse une peur atmosphérique, dans une suspension du temps. Donner du temps aux micro-événements a priori anodins du monde, de manière à voir celui-ci se transformer en un
arrière-monde d’une complexité inouïe : voici la leçon que nous pourrions tirer de ce texte. J’invite le visiteur à se mettre au diapason du regard de Marguerite Duras au sein d’une installation immersive, essentiellement contemplative, pensée comme une vanité . La mouche devient le point de départ d’un chemin introspectif. L’espace de la maison est mis sous silence : seul un souvenir reste, gardé intact dans le mur, comme scellé à lui. Y plonger déploie un univers en soi, un abîme de putréfaction, envahissant . Étendue sans limite : miroir de notre propre finitude. Je vous convie l’un après l’autre à parcourir le 1 Rue du Docteur Grellière. « Voilà, c’est tout. »