Descriptif
Informations
Entertainment Capital of the World est le résultat de mon expérience comme étudiant en échange universitaire aux États-Unis, où j’ai étudié la photographie à l’Université de Cincinnati (Ohio).
C’était la première fois que je visitais les États-Unis, dont je n’avais perçu le territoire qu’à travers les images qui le représentent. Le cinéma et la télévision américaine sont des systèmes de représentation dominants dont les images contagieuses ont, je pense, forcé mon esprit à associer naturellement l’environnement américain à la fiction. Appréhender physiquement l’espace américain était donc pour moi une expérience significative. C’était un voyage dans l’image même ; alors que le double du réel américain, fabriqué par hollywood, et sa véritable substance se télescopaient. L’Amérique semblait être issue de l’écran et non l’inverse
Pour expliquer ce sentiment, j’ai voulu remettre en scène un moment de ce voyage où j’avais été invité à passer la fête de Thanksgiving par une famille américaine. Ce jour en particulier est un episode marquant de mon voyage : à la fois spectateur et acteur de ces situations qui semblaient échappées de l’écran, j’étais plus que jamais immergé dans la matérialisation de déja-vus cinématographiques.
Le film est la restitution scrupuleuse de ce souvenir mais revêt pourtant une forme contradictoire : le remake, artificiel par nature, me permet d’en manipuler la réalité. Réalisé en studio, à Paris, chacun des aspects de ce moment y a été retranscrit le plus fidèlement possible : l’intérieur de la maison est ici reproduit en décor, les membres de la famille sont incarnés par des américains aux personnalités similaires et les conversations et événements décrits sont de véritables souvenirs. Si, formellement, le film fait référence aux codes et a prioris esthétiques de la fiction, dictés et reproduits par le cinéma et la télévision, j’ai souhaité en désamorcer ses effets.
Entertainment Capital of the World n’a pas de logique de construction narrative claire et hiérarchisée (chacune des scènes est autonome) et les personnages qui y évoluent sont des images dont la valeur est égale à celle du décor. Conscients de ce statut, ils s’illustrent volontairement dans une série d’événements ordinaires pourtant colonisés par un imaginaire partagé ; chacun doit vivre en jouant le rêve national.
Durée : 19’
Installation vidéo composée de trois écrans autonomes