Promenade à marée basse, ramassant dans un sable humide, fossiles, bois, cordage, pierres et coquillages. Ces objets, méticuleusement collectés, incarnent les fragments disparates d’une attention sensible et plastique exercée dans des lieux en transition. Ces prélèvements vibrent d’un potentiel poétique tout juste entre aperçu, interrogateur.
C’est par le dessin et la photographie que vont être répertoriés en un vocabulaire de formes, de couleurs et de textures ces éléments conservés avec soin. Le travail dessiné est une étape clé puisqu’il permet d’éprouver dans le temps l’objet et sa nature submergée. Riche de ces différentes expériences menées en amont, la sculpture arrive comme point de finalisation d’un processus de valorisation de l’anodin. Elle révèle mes impressions initiales quant aux qualités propres des objets observés. Le travail sculptural s’inspire de ce qui vient toucher ma perception dans un moment et un espace choisi : une forme, une relation, une narration, une atmosphère. Il s’organise inconsciemment afin de voir émerger des bribes de ces différents contextes d’émotions plastiques en confrontant éléments d’origines préservés et éléments nouvellement créés. L’eau, la mer, la rivière. Du port à l’îlot, en passant par l’embarcation, « Ce qui coule, ce qui flotte. » exprime le mouvement houleux des intuitions, celui qui voit émerger une pensée derrière une autre, avant de saisir et d’amplifier.