Descriptif
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Inspirée par les formes hautes du paysage terrestre — par exemple la falaise ou la montagne — je suis captivée, fascinée par les phénomènes de fragilité et de délitement de la matière. Ces éléments du paysage semblent a priori résister à l’attirance du bas, prétendent toucher le ciel et au final disparaissent avec le temps. En expérimentant le poids et la résistance des matériaux, j’essaye de questionner la capacité de la matière à être érigée. Lui faire prendre de la hauteur, tenter qu’elle s’y tienne, est un vrai défi physique ; un geste quasiment contre nature, puisqu’il s’oppose au mouvement vertical le plus naturel : celui descendant, celui de la chute. Mes sculptures et installations sont toujours à la limite de la tenue et de l’effondrement, il s’agit pour elles de tenir debout, en quelque sorte de tenir bon. La posture verticale est une position de grande précarité. Elle consiste en la quête presque utopique d’un centre de gravité offrant une stabilité éphémère. À ce titre, les pièces présentées témoignent d’une vulnérabilité liée à leur structure toujours instable. On peut, dès lors, se questionner sur la propre condition de l’Homme, cherchant non seulement à élever la matière, mais aussi à s’émanciper de sa condition, et prétendre à l’élévation. Travaillant avec les forces opposées liées à la verticalité, les formes présentées possèdent des tensions contradictoires. Figées dans un état de pause, comme un fil tendu au bord de la rupture, il semblerait qu’un lent mouvement imperceptible les mène vers une chute à peu près certaine.