Descriptif
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A force de tourner en rond dans mon studio parisien, j’ai eu l’idée de devenir mon propre sujet. Alors j’ai commencé par filmer ma routine : faire mes besoins, ma toilette, circuler, me faire à manger, la vaisselle, descendre les poubelles etc. Tout d’un coup, les actions les plus banales que j’avais tant l’habitude de faire et qui me semblaient si naturelles, me devenaient étrangères. Il m’était difficile de faire abstraction du dispositif que j’avais mis en place et j’avais peur que chaque mouvement soit conditionné jusqu’au moindre de mes tremblements.
J’ai par la suite animé les séquences, grâce à la technique de la rotoscopie (recomposer, image par image, les plans filmés en prise de vue réelle par le dessin). Ce procédé, que j’avais déjà expérimenté dans le cadre de mes études, me semblait être à ce moment le plus approprié.
Il me permettait de me rapprocher de la crudité du réel. Je me suis retrouvé face à ma propre intimité. J’étais confronté à l’image de mon corps, de mon visage, de ma gestuelle mais aussi à mon enfermement, ma lassitude et mon aliénation, avec tout ce que cela peut avoir de complexe.
Avec ce court métrage j’ai voulu explorer le lien qu’il peut y avoir entre mon intimité et l’espace qui le conditionne. Un espace en tant qu'entité indépendante, qui existait avant moi et qui me survivra. Nos espaces quotidiens, comme nos foyers, existent-ils sans nous ? C’est une question que je me pose à une époque où notre avenir reste incertain compte tenu du dérèglement climatique lié à notre mode de vie capitaliste occidental qui semble montrer aujourd'hui ses limites. C’est donc avec des jeux d’apparition et de disparition, d'entrée et sortie de champs, de discontinuité temporelle, de correspondance entre son et image que j’ai mis en scène des événements ordinaires de ma vie intime. Grâce à un langage que j’ai élaboré au cours de mes études et qui s'articule autour d’une économie de moyen, j’ai tenté de faire émerger l’essentiel.