Descriptif
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Le fardeau biologique est d’abord incarné dans le premier volet, Réminiscences, à travers le spectre de la mort. On y découvre le regard endeuillé d’une jeune fille, qui tente de se raccrocher à ses souvenirs. Son désir de mémoire s’entremêle à la vision de saumons pourrissants.
On le sait, ces poissons, à la fin de leur vie, luttent avec force pour revenir à leur lieu de naissance. Après avoir assuré leur lignée, ils se délitent en quelques heures, sacrifiés au service de la continuation génétique.
A l’image des saumons, certains êtres humains n’ont pas d’autre choix que de taire leurs maux ou leurs aspirations individuelles. Les raisons sont multiples : des migrations forcées par la guerre, la famine, la maladie. Comme habités par un devoir plus grand que leur personne, ils fragmentent leur énergie vitale pour la confier entièrement à leurs descendants.
Comment leur rendre hommage? Je tente donc de le faire en images animées. Dans l’intention graphique, je fais référence à un style d’animation traditionnel et représentatif qui m’a inspiré dès mes débuts balbutiants. Les phénomènes oniriques se mélangent à une étude de la mécanique humaine, dans un style de narration plus courant, mais peut-être plus évident pour un plus grand nombre, et surtout pour ceux dont le film parle.
Le deuxième volet, Une subite et sublime genèse, se résume ainsi : une femme recherche à tout prix un remède, spirituel ou cartésien, à un sentiment profond d’inadéquation parmi ses pairs.
De sa naissance à sa guérison, nous la suivons à travers des tableaux numériques grotesques, peints de son point de vue. On évolue dans le film comme dans un jeu vidéo dont les choix seraient déjà verrouillés. Dans une narration continue, l’héroïne exprime l’évolution de son mal-être, qu’elle vit comme un destin, et auquel elle espère échapper en se livrant aussi bien aux médecins qu’aux guides spirituels. Puis un jour, par un événement singulier, entre art et amour, elle parvient à se libérer de ce fardeau.
Par les visages caricaturés et les objets du quotidien, je propose une ode à la banalité et au risible. Les tableaux sont des patchworks de souvenirs lointains, entremêlés pour écrire un rêve fiévreux au dénouement optimiste. J’ai voulu avec cet épisode exprimer un malaise humain, et peut-être, par une fin libératrice, alléger son poids chez le spectateur.
Ainsi, ce Cheminement marque une tentative de réconciliation graphique entre les expérimentations développées à l’Ecole des Arts Décoratifs, parfois hermétiques, et mes inspirations originelles, peut-être plus accueillantes et familières. Derrière ces images qui s’enchaînent, plane une ombre familière, celle de la fatalité