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En effet, l'accident est partie intégrante de l'innovation en ce sens qu'elle en est une limite. Aujourd'hui, les avancés technologiques permettent des catastrophes de plus en plus importantes, et leurs répercutions sont potentiellement mondiales et instantanées. Ainsi il est possible au plus grand nombre de visualiser les images de phénomènes qu'on ne pouvait que difficilement imaginer il y a 80 ans. Ces images nous donnent-elles une conscience plus forte de l'événement, ou au contraire, participe-t-elle à le désacraliser? 324,267, 656... Le nombre de "victimes" devient une quantité variable, une dose, une pelletée de plus dans le grand charnier du progrès. En parallèle, les technologies contemporaines, en réduisant considérablement les distances géographiques et temporelles, nous donnent un accès inédit au monde qui nous entoure, qu'il soit physique ou virtuel. Comment redonner au corps sa valeur, sa singularité, son poids, dans un monde ou la technologie nous donne une image dénaturée du corps en général, tout en nous permettant une quasi omnipotence individuelle?
En réalisant des anamorphoses de lumières, j'ai désire confronter les notions d'unite corporelle, condition sine qua none à la vie, et de déliquescence à laquelle le corps est immuablement destiné. La création de ces dispositifs est une tentative de figer un instant ou le corps désarticulé, surpris et impuissant, se révèle sans peur face à l'inéluctable dénouement: écrasement des chair, bris des os, dislocation des organes... Les ombres qu'elles génèrent se confrontent directement au spectateur de part leurs dimensions. Ces projections sont ensuite devenues la base d'un travail pictural qui témoigne au grand jour des caractères potentiellement grotesque et fantastique d'un corps.