Descriptif
Informations
Cette exploration des strates de sens constitue, entre autres, l'essence de la religion juive, pour cette raison dénommée religion du livre. Le second axe de mon travail, croisant le premier, s'appuie sur mon intérêt pour les traditions religieuses.
Suite à l'écriture de mon mémoire, L'interdit de représentation ou la représentation de l'interdit, je questionne l'utilisation d'objets de rituels, objets sacrés, dans l'espace profane qu'est celui de l'exposition.
Initialement chargés d’un sens spécifique, il me servent de pivots, déclencheurs de scénarios inattendus. Ainsi, le châle de prière débrodé et rebrodé (Que les paroles que je t’adresse aujourd’hui soient sur ton corps) devient un étendard, une porte d’entrée à des approches métissées de la croyance. Diaspora, sculpture aux allures de trépied de géomètre, dont l’élément central est une grenade, en présente les grains, symboles traditionnels de fertilité, comme des billes à la maîtrise impossible, s’exilant, incontrôlées, à travers l’espace.
Une question se pose : quel est mon rôle, moi, femme m'attaquant à ces symboles, ces textes essentiellement conçus par des hommes ? Ce statut, mais aussi ma place en tant que dernier élément d'une lignée, je l'explore. La question des générations est donc ici présente : dans la mise en valeur des lignes de vie des femmes de ma famille (Matrilinéaires) ; dans l'étude des trajets parcourus par mes
ancêtres.C'est donc aux structures que je m'intéresse, avant leur contenu : systèmes linguistiques, systèmes narratifs, des mythes et des histoires ; individus comme éléments de ces systèmes, et, avec l'utilisation de la lettre en miroir à celle de la forme, passage d'un système discret à un système continu. Structure, système... Ce lexique va de pair avec les formes que j'utilise, essentiellement des lignes, tracés spatiaux, qui trouvent leur écho dans les dessins épinglés aux murs, fonctionnant comme des plans imaginaires. Mon installation tout entière s'articule comme une grande proposition ; chaque pièce porte en elle un élément, qui, conceptuellement ou formellent, renvoie vers une autre. Selon Jean-Luc Godard, imaginer, ce n’est pas créer ex nihilo, mais du montage de nos regards, faire émerger les histoires invisibles ; ainsi, mon travail isole des réseaux autonomes, jusque là inclus dans le fouillis du monde.