Descriptif
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Me voilà sous ce pont de béton.
La lumière provenant de l’autre côté du passage m’éblouit tandis que je plonge progressivement dans l’obscurité.
Le bruit ambiant devient assourdissant, marqué par le bourdonnement des centaines de véhicules au dessus de moi. L’air semble lourd, saturé de pollution. Je me sens oppressée, mon pas s’accélère, j’arrive de l’autre côté. Un instant aveuglée par ce contraste lumineux, mes yeux s’habituent enfin. Je tourne dans la rue sur ma gauche, cernée d’un côté par le boulevard circulaire et de l’autre par une rangée de bureaux, au coeur d’un désordre sonore entêtant. Ces bruits venant de part et d’autre se rencontrent, se percutent, se mêlent. J’arrive au niveau d’un autre passage, porte Pouchet.
Les environs ne sont que chantiers, constructions. J’avance alors dans une cacophonie de bruits variés : machines, scies, bips, klaxons, moteurs. Tout se mélange, s’embrouille, me brouille l’esprit. J’avance un peu plus sous le périphérique, pressée par ces bruits, ce mouvement sonore, cette obscurité inquiétante, ces odeurs et cette poussière emplissant mes poumons. Ma respiration s’accélère. Tout semble irréel, tout est mouvement, rapidité, bruit, pourtant l’espace semble inhabité, déserté. Aucun passant. Seules les voitures affluent, dans un grondement amplifié par les surfaces lisses et massives de ce bloc de béton.
Mon corps tout entier aimerait fuir ce lieu hostile, pourtant, l’espace d’un instant, je perçois ce qu’il pourrait devenir.
Je le vois malade mais en voie de guérison. Je le vois devenir espace soignant.