Descriptif
Informations
La carte postale ci-contre représente ces ouvriers à la tâche, en contrebas du front de taille. Nous sommes à la fin du XIXe siècle. Un jeune mineur s’est arrêté de travailler. Dans quelques secondes, il reprendra son service, secoué par les tirs à l’anglaise qui explosent la roche et brutalisent les corps. Il arrive que le front de taille se dérobe, que le seul gradin sculpté dans la pierre ne suffise à protéger ceux qui la travaillent. Une détonation survient sans crier gare, un « gare à la mine ! » que personne n’entend et les roches tombent sur les ouvriers de Roche-Balue. Aujourd’hui la carrière n’existe plus. Délaissé par son industrie, devenu site orphelin, le lieu s’est transformé en zone de plaisance. Les habitants se baignent dans le lac qui borde les flancs de roche, d’autres bronzent et jouent sur la plage artificielle. Du lieu de labeur, la carrière de pierre, dont le paysage fût construit par le travail de l’homme, redessinant au passage une géographie nouvelle, nous marcherons vers la vacance, du latin vacare, « être sans » : le lac, un lieu de repos et de flânerie, où les habitants passent sans y rester,
matière mystérieusement vivante. Nous voyagerons par fragments, guidés par les rêves du mineur disparu, dans ce paysage irrationnel devenu lieu d’une expérience sensible.