Descriptif
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Golding, dans son roman, nous présente un groupe de jeunes garçons, de six à douze ans, naufragés sur une île après un crash aérien. Ils tentent par eux-mêmes de reconstruire le schéma social des adultes dont l’absence les contraignent à assumer eux-mêmes un rôle de grande personne. Entreprise qui, on s’en doute dès le début, sera vouée à l’échec. On assiste alors à l’émergence de deux idéaux, représentés par deux clans et chefs distincts : celui de la loi du plus fort et de l’apologie de la violence, et celui de l’égalité et de la justice. Cette divergence prend d’abord l’aspect d’un jeu enfantin sous forme de «guerre de clans», et termine tragiquement sur une véritable guerre avec de nombreuses pertes humaines... Souhaitant m’éloigner de cette vision dichotomique du bien et du mal que Golding propose (avec justesse), j’ai voulu néanmoins m’imprégner de l’essence de son roman. L’environnement (l’île) et la figure de l’enfant sont pour moi deux sources d’inspiration très fertiles, autant techniquement - par le dessin - que symboliquement. Ainsi, nous retrouvons dans mon travail une bande d’enfants, habitants d’une île, mais cette fois confrontés à une mystérieuse découverte qui entraînera envies et convoitises parmi le groupe et aboutira à une division des habitants en deux clans. En suivant le schéma de dégénérescence progressive qu’a emprunté Golding, ma bande dessinée, à l’issue de cette première partie, déboucherait sur une guerre puis une véritable et tragique chasse à l’homme, au sein d’une île gouvernée par une toute jeune dictatrice tyrannique de douze ans. Dans ce premier extrait, l’équilibre entre le jeu, la réalité et la fiction, se fait de plus en plus fragile et me permet ainsi d’appréhender le déclin progressif qui s’en suivra. D’autres oeuvres et références sont venues étoffer mon travail au fil de cette année, comme Peter Pan de J. M. Barrie, pour la justesse de caractère de ses «enfants perdus», Vendredi et les limbes du Pacifique de Michel Tournier pour son étude de la relation paradoxale entre l’île et le naufragé, le dessinateur Winsor McCay pour la finesse et la beauté de son trait. Saquerole est donc le début d’une histoire très librement et modestement inspirée de Sa Majesté des mouches, et dont la suite est déjà en préparation...