Descriptif
Informations
Deux expériences m’ont aidée à imaginer ce projet. La première, la plus ancienne, est celle de la lecture de la poésie. Apparemment très structuré, normé, le langage poétique m’a paradoxalement appris une forme de liberté. Liberté de lire entre les lignes.
Liberté de capter à travers elles un sens, de l’ordre de l’inexprimable. Liberté de lâcher les acquis, de mettre de côté l’emprise des mots, leur capacité de «pouvoir», par le fait de nommer. Liberté d’essayer de comprendre une marge fragile de ce qui s’exprime sous les mots.
Essayer de percevoir en somme ce qui échappe au texte, et qui au-delà du littéral, nourrit notre imaginaire et notre interprétation. La seconde expérience, fut celle d’un séjour à l’étranger. A priori, je n’éprouvais aucun intérêt pour ce pays, je n’avais que le désir de partir. Dès mon arrivée, l’environnement, illisible fut pour moi un choc désarmant. La langue et la culture m’étaient étrangères, et n’avaient aucune parenté avec les miennes. Sans repères, j’ai alors décidé de lâcher tout jugement, et mis de côté ma manière habituelle de comprendre la réalité à travers mes propres référents culturels, collectifs. J’ai accepté alors que je n’avais plus qu’une prise infime sur cet environnement, et qu’à défaut de comprendre, j’allais avoir tout à apprendre.L’étonnement et l’instinct l’emportèrent sur le devoir et la raison, mon identité même s’effaçait. Ma connaissance de ce pays, comme furtive, se nourrissait d’images et de cette recherche inlassable d’essayer de percevoir dans l’entre-deux,les marges, la richesse et le mystère de ce qu’on nomme «différence» et alorsde concevoir autrui, en tant qu’autre, sans intérêt, ni attentes, lui laissant sa part de mystère, sa liberté propre. Cette expérience du voyage, rejoint mon approche de la poésie.C’est ainsi que j’ai formulé mon projet : essayer de montrer par les images, ce qui dort entre les mots de ce texte.