Les cellules imaginaires
Charles Guilhembet
Les cellules imaginaires
Les lettres sont cloisonnées, cernées. Il y a tout l’alphabet. Elles sont faciles à prendre en main, leurs proportions sont celles d’une boite d’allumette. Des traces d’encre sur leurs arêtes témoignent d’un usage – sont-elles des tampons d’imprimerie? – mais leurs empreintes ne sont nulles part. Ici, elles ne forment pas des mots et ne produisent aucun son, mais sont présentées comme des architectures.
Le projet
Les cellules imaginaires sont constituées de la mise en page d’extraits d’un roman – Piranesi de l’écrivaine anglaise Susanna Clark – inspiré des Prisons imaginaires de Piranèse, et d’un ensemble de constructions et d’assemblages. Il est question d’espaces construits, de différentes échelles, la plupart du temps clos ; ils sont à la fois des outils et des constructions, des lettres et des formes abstraites, des objets et des architectures. Leurs fonctions, la perception que l’on en a et le rapport à notre corps changent selon leur échelle et la façon dont ils sont présentés ; posée sur une feuille de papier, la lettre O est alors une cour que l’on regarde de haut et qui donne un référentiel. L’ensemble – la feuille, le texte qui y est mis en page, et l’objet – constitue alors un plan.
Ayant comme point de départ la mise en page d’un texte et plus largement ce que pourrait être l’appréhension spatiale de ce texte, ce projet interroge d’une façon générale différents supports – l’encre, le papier, l’espace de la page, ce qui y est inscrit et ce qui en sort – dans une relation permanente à l’idée de construction (architecturalement parlant), et d’un jeu entre tension, contrainte, et la possibilité d’une errance, tout au moins d’un mouvement plus libre, au sein ou autour de ces espaces géométriques, de ces grilles.