Déplacements dérogatoires. Ré-humaniser le rapport à la technique
Claire Maroufin
Déplacements dérogatoires. Ré-humaniser le rapport à la technique
Mon projet démarre dans la rue, tard le soir, tôt le matin, par la collecte d’encombrants, d’outils de captation, de diffusion de l’image. J’aime penser que ces objets ont une âme, une intention. Je les prends, les sauve temporairement pour expérimenter, parfois laborieusement. Je m’immisce dans leur fonctionnement, entre en dialogue avec ces machines et je les mets elles-mêmes en regard, en dialogue.
Le projet
Ensemble on lit des livres[…] On regarde des films, j’en choisis qui pourraient lui plaire, je propose des poèmes optiques à mon optique de bureau. […] Il résume en une image fixe les séquences
animées, freine les flux, les fige, les étire. Je lui montre ce que l’on vit puis ce que l’on voit […] un flot d’images télévisuelles C’est lorsque le scanner se concentre et fixe longuement
l’enchaînement des séquences qu’il perd la course, incapable de suivre ni de mémoriser une image nette. Il me rend une galerie d’images distordues, compressées qui naissent de la rencontre de deux rythmes et de deux mouvements contradictoires. […] La machine qui dysfonctionne rappelle le geste humain, sa maladresse. J’imite ses erreurs, fais subir des déplacements aux images. Je m’impose une technique exigeante, anachronique, inadéquate. Finalement, je reproduis ce que la machine génère, sans délai ni difficulté. À force de déplacements, à force d’être manipulées, déroutées, les machines saturent. Je les éprouve jusqu’à l’épuisement, le mien comme le leur. Mon stock s’augmente alors de tout ce que les machines contiennent. Je les dissèque et tout fait image. » Bricolages, machines, gravures taille douce, film, projection et spectacle.