Revue Décor n°5 Nuances

Conçue et produite par l’École des Arts Décoratifs – PSL et publiée cette année en coédition avec les Éditions Dilecta, Décor est la revue qui explore les grands enjeux du monde contemporain au prisme des arts décoratifs, considérés de la façon la plus large, comme arts de vivre et d’habiter. Chaque numéro s’ouvre sur un mot qui en plante le décor, autour duquel un univers entier se déploie.

Après Vulgaire, Trans et Contrefeu, ce cinquième numéro, Nuances, aborde un élément fondamental des arts décoratifs : la couleur comme vecteur d’une approche sensible, critique et engagée, qui revendique la richesse de la nuance.

Plus qu’un simple médium, la couleur est un lieu, un espace de projection et de tension où se croisent perception, technique, culture et politique. Matérielle et immatérielle, visible et invisible, sensorielle et industrielle, elle articule le social, l’économique, l’artistique, le vivant, le technologique et le symbolique. Dans toutes ses variations – franches ou imperceptibles – elle interroge notre capacité à saisir le monde autrement, à sortir des visions binaires et des oppositions figées .

Porté par un comité éditorial pluridisciplinaire d’enseignant·es et d’expert·es de l’École des Arts Décoratifs — designers textile, couleur et matière (Lauriane Beaunier, Lou Ramage, Isabelle Rodier), designer couleur (Philippe Roaldes), designer textile (Pascaline Wilhelm), designer graphique (Camille Baudelaire), architecte (Victor Meesters), artiste (Gerald Petit) et responsable de la matériauthèque (Charles-Emmanuel Debar) — ce numéro témoigne de la continuité d’une tradition fondatrice de l’École : un enseignement spécifique et exigeant de la couleur, initié dans les années 1970 et prolongé aujourd’hui par la réflexion que l’un de ses acteurs-clés, Hervé Fischer, poursuit dans ses ouvrages Les couleurs de l’Occident (2019) et Mythanalyse de la couleur (2024).

La revue explore les liens intimes entre couleur et vivant : langage chromatique des humains et non-humains, phénomènes d’attirance ou de signal, cycles naturels et jeux d’impermanence où la couleur devient mouvement, lumière et matière. Elle examine ensuite les langages sociaux, politiques et industriels de la couleur, des métiers de coloriste et designer aux systèmes de normalisation issus de la modernité industrielle. Enfin, elle questionne la dimension territoriale et politique de la couleur, du gradient flamboyant comme geste queer à la nuance comme position éthique et critique. Entre saturation et retenue, elle révèle un langage capable de défaire les assignations et d’ouvrir de nouveaux possibles.

Comme pour chaque numéro de Décor, contributions d’étudiant·es, enseignant·es, artistes, chercheur·ses et auteur·rices invité·es se côtoient : essais, entretiens, portfolios, textes théoriques et propositions visuelles témoignent de la vitalité contemporaine de la couleur.

La conception graphique, confiée au studio Twice, place la couleur au cœur de l’expérience : les pages de gauche, entièrement visuelles, mentionnent systématiquement les valeurs CMJN, dévoilant la fabrique de la couleur. Jouant de l’équilibre, du rythme et de l’harmonie, la revue emprunte à la métaphore musicale pour rappeler que la couleur excède le visible : elle est matière, vibration, intensité.

Avec les contributions de :
Camille Baudelaire, Lauriane Beaunier, Charles-Emmanuel Debar, Victor Meesters, Gerald Petit, Lou Ramage, Philippe Roaldes, Isabelle Rodier-Clergue, Emmanuel Tibloux, Pascaline Wilhelm, Marie-Anne Sarda, Alec Vivier-Reynaud, Paul Marchesseau, Philippe Rahm, Sumiko Oé-Gottini, Zahia Rahmani, Lorelei Borgiès, Audrey Large, Ana Maria De Jesus, Vonnik Hertig, Anna Saint-Pierre, Adrien Maschino, Joan Pronnier, Ariane Brioist, Hervé Fischer, Sophie Larger, Jean-Charles de Castelbajac, Laure Gauthier, Elsa Boyer, Aaron Levin, Kevin Bideau, Enzo Le Garrec, Camille Circlude, Olivia Grandperrin, Sarah Schrader, Brecht Evens, Orsina Visconti, Jeanne Guien, Clément Bottier, Fanny Tsang