Léonie Deschamps

Résumé

Nous parlons souvent de nos intérieurs comme d'espaces où l'on se sent protégé, affranchi du regard des autres, et de la pression sociale. Il sont vus comme des espaces de liberté, de sublimation et d'indépendance, mais le sont-ils vraiment? Alors que je décidais de m'interroger sur l'espace, mes convictions féministes m'ont rattrapé et m'ont confronté à une réalité. Lorsque le logement est partagé, tout ses occupants ne bénéficient pas d'un espace à eux. Il est indispensable qu'une femme possède quelque argent et une chambre à soi si elle veut écrire une oeuvre de fiction ? Déjà en 1929, Virginia Woolf parlait de la nécessité de disposer d'un espace purement personnel pour être créative en tant que femme. Même si aujourd'hui cela a évolué, et la quête de l'indépendance féminine est toujours en cours, il reste encore, même dans la société occidentale, une certaine idée que la femme appartient toujours au privé, à l'intérieur, à l'inverse de l'homme. Le confinement fut le moment de se poser des questions liées à nos intérieurs et à cette assignation que nous subissons tous, femmes comme hommes. Alors que le confinement impose le motif de la maison comme paysage commun unigenre, mes recherches ont donc trouvé une nouvelle actualité. L'espace intérieur, est-il un genre de refuge ou un refuge du genre ?