Cosmographies
Chloé Vanderstraeten
Cosmographies
À la façon du topographe sur un terrain, arpenter la surface de la feuille de long en large pour y marquer les grandes lignes. Habiter, par une première série de gestes, l’espace où l’on va s’inscrire : plier le papier avec les doigts, le baliser de sillons parallèles et répétés. Parfois, le froisser avec les mains.
Le projet
De pli en pli, une intuition visuelle se dégage, il s’agit alors de la saisir puis de lui donner corps. Si l’intuition ne vient pas, laisser le dessin en jachère. Comme un danseur suit l’élan du mouvement des pieds sur le sol, faire don du poignet vibrant pour tapisser la surface de flux colorés. Révéler les textures de la surface en surlignant certains reliefs au crayon gris. Inscrire par un quadrillage régulier des repères de déplacement.
L’espace se structure, il est alors temps de construire. Se faisant, emprunter des outils dans la matrice commune du dessin technique. Son répertoire partagé de formes géométriques fournit
un vocabulaire foisonnant : grilles, symboles, pictogrammes, cercles et courbes sont autant de matières graphiques potentielles qui architecturent le dessin. Trouver dans le langage technique un espace à partager propice à l’analogie : comme l’aile de l’oiseau a donné la voilure de la machine volante, pictographier l’organe de l’audition pour représenter une oreille, annoter la direction d’un souffle par une flèche, chercher une coordination entre la mécanique du poignet et celle de son articulation externalisée, le compas.
Établir une figuration synthétique du monde sans le coder. Dans la lignée du merveilleux scientifique, servir la déraison et l’imaginaire par le dessin. La mécanique des gestes fait monde en soi.