Lucie Lozano

Résumé

J'apprends un art martial depuis mes huit ans. Cette pratique m'a toujours accompagnée, de ma construction d'adolescente à jeune adulte. Jusqu'ici j'étais attachée à cette activité au-delà d'une simple habitude, mais j'en connaissais assez peu sur mes réelles motivations. C'est ainsi que j'ai choisi de me plonger dans les livres, pour mieux comprendre ce qu'il s'y jouait. Les sports de combat ont pour point commun de faire de la violence un outil. Lorsqu'on évoque le fait de se battre, on pense aux coups portés, à l'agressivité, c'est-à-dire à la puissance de la violence qui le traverse. L'intégrité physique mise en jeu dans le fait de taper comme d'être tapé par quelqu'un.e, peut susciter des réactions vives et antagonistes, entre répulsion et fascination. La violence fait souvent l'objet d'une condamnation morale. En effet, le combat transgresse des règles fondamentales qui structurent et régulent nos rapports sociaux. Porter un coup fait partie des grands interdits qui régissent notre société. D'un point de vue légal, la domination physique du plus fort a été bannie, nous permettant d'avoir un quotidien pacifié, qui évite d'avoir à assurer sa survie individuelle. Or, les sports de combat s'attachent à travailler une pratique intolérable au dehors. Pourquoi certaines personnes sont-elles attirées par l'idée de dompter cette violence, quand d'autres y voient le spectacle d'une brutalité primitive. Que dire de celles et ceux qui la manient ? Pourquoi aimer ces habitudes qui heurtent, ce retour chaque semaine aux rituels contraignants et à l'appréhension de la douleur ? Du statut de combattant.e et de son pouvoir sur l'identité, à l'intérieur et hors des salles, dans les rituels cadrés et dans la vie, qu'est ce que cela signifie d'être comme un guerrier en paix aujourd'hui ?