Augustin Puzio

Les photographies sont réalisées dans des endroits semi-publics ou publics généralement peu propices à la nudité. Les modèles posent suivant des indications froides ou énigmatiques pour qu’ils ne se sentent pas conditionnés dans une attitude stéréotypée voire sexuelle. Les poses de ces modèles reprennent certains aspects des photographies érotiques amateurs, mais aussi de revues gay pornographiques des années 1970 et 1980 de mauvaise qualité, ou encore de catalogues comme ceux de La Redoute ou Raja, qui présentent souvent leurs produits mis en situation par des personnes dont les attitudes sont maladroites et désincarnées. La plupart des tirages, tous au format 10 × 15 cm, sont disposés à la verticale sur plusieurs fines étagères en bois. Ils sont agencés de façon à faire croiser le regard des modèles, comme s’ils pouvaient à travers les images communiquer entre eux, notamment à l’aide du téléphone. Les modèles se cherchent, s’observent. Pourtant, toutes ces interactions ne sont que des rendez-vous manqués, des rencontres qui n’ont pas lieu. Le fanzine contient des découpages naïfs de photographies de ces mêmes modèles. Ces détourages grossiers et simples reprennent certaines caractéristiques des premiers fanzines. Là aussi, au fur et à mesure des pages, les modèles se cherchent du regard, ce qui est accentué par le papier très fin sur lequel les images sont imprimées, superposant par transparence le corps de chacun.