Séverine Lauxerrois

Résumé

Le questionnement qui anime ce mémoire s'enracine dans le travail du tapa qui résonne avec nos modèles et pratiques, ou Comment l'artisanat du tapa, fondé sur le vivant, permet de questionner la 89 chaîne opératoire de standardisation textile ? À l'occasion d'un séjour long dans l'île de Taïwan, je m'imprègne de l'enseignement culturellement marqué du tapa et de l'indigo. Dans cette nature luxuriante, parfois envahissante, je récolte, martèle et humecte mes fibres de liber dans un coin de mon campus taïwanais. Par une pratique incarnée et corporelle, je travaille le tapa, et découvre qu'autrefois, le tapa était largement fabriqué à travers le monde pour répondre à un besoin primaire, urgent et nécessaire, celui de se couvrir. Le liber, originellement le tissu biologique protecteur et conducteur de l'arbre, est devenu l'un des premiers tissus protecteurs de l'homme, textilisé en vêtement et accessoire. Ce gisement s'exploite toujours en singularité et parcimonie, alors que ceux de nos modèles occidentaux actuels s'effacent, anonymisent l'origine des matériaux, qui sont attirés dans les mêmes chaines opératoires de standardisation. Lorsque nos ressources se raréfient, nous sommes en quête de leur conservation et de leur préservation. Le tapa et l'indigo taïwanais nous enseignent la modestie, leurs traversées des âges et des cultures nous entrainent vers une universalité qui n'exclue pas la création, la personnification et la suggestion d'anciennes ou nouvelles relations, à la matière, au vivant, à l'objet, à son utilisabilité.