Workshop « Point d’embranchement » Chaire Ecodesign & Création

En mars 2024, les étudiant·es de 4e année du secteur Design Vêtement de l’École restituaient leurs projets sur la thématique de la «réinvention de la chaussure outdoor» réalisés dans le cadre de la Chaire « Écodesign et Création ». Fruit de l’association inédite de l’École des Arts Décoratifs et de DECATHLON, la Chaire de recherche, de création et de production lancée à la rentrée 2022 a pour ambition de répondre par le design sous toutes ses formes, aux grands défis de la transition écologique.

Encadrés par l'enseignant Romain Blot, les élèves ont été amenés à développer une approche sensible et renouvelée de la conception de la chaussure outdoor, désirable mais durable, en tenant compte de son impact environnemental, entre fabrication locale, économie de moyen et réduction des composants utilisés.

3 des 6 projets développés dans le cadre de ce workshop ont pu participer à 4 jours en immersion au sein de l’Atelier du Footwear DECATHLON situé à Wattrelos afin de réaliser des prototypes de leurs projets.

Après une visite de la Caverne, pour découvrir comment sont élaborés les substrats, leurs composantes et observer visuellement les procédés mis en place pour faire pousser les champignons, 3 des élèves du groupe ont pu nourrir les réflexions mener dans le cadre de leur projet En passant par la Lorraine, pour développer une chaussures entièrement compostable.

Sur le chemin d’une balade, il arrive que les trajectoires divergent, offrant le choix de continuer ou de faire demi-tour. Cette métaphore peut s'étendre à des décisions de vie et de consommation. Qu'en est-il aujourd’hui de la production, au regard de son impact environnemental ? Les ressources terrestres ne sont pas infinies, et cette prise de conscience impose aux designers d'inventer de nouveaux processus créatifs.

Comment concevoir des produits à faible impact environnemental, à la fois désirables et durables dans le temps ? Comment adapter les méthodes de production actuelles pour concilier fabrication locale et industrielle ?

Sous le prisme d’une économie de moyen revendiquée et de l’impératif de réduction des composants utilisés pour la conception de produits de consommation, il est proposé aux étudiants de développer une approche sensible et renouvelée de la conception de la chaussure. Celle dédiée aux activités outdoor, qu’elle soit de randonnée de running ou de trail.

Les souvenirs de balade en famille, des vêtements hérités, des chaussures trop petites empruntées pour une randonnée en montagne évoquent des moments de connexion entre nous et avec la nature. Dans un monde en constante évolution, comment combiner l'héritage avec les technologies innovantes ? Comment allier durabilité, performance et légèreté, en intégrant des méthodes de recyclage simples et en incorporant des éléments émotionnels et mémorables ?

Les souvenirs familiaux, l'appartenance à une communauté poussent à donner du sens à des objets transgénérationnels, tout en répondant aux exigences techniques de chaussures d'extérieur. Marcher, gravir des montagnes, c'est se confronter à la grandeur d'un monde qui nous dépasse, qui se mue différemment.

Avec l’intervention et l’accompagnement de :
Jean-Noël Gertz, fondateur et président de Cycloponics, lors d’une visite pédagogique de La Caverne : ferme urbaine biologique souterraine, dédiée aux champignons, endives et micros pousses.: Aurélien Durand, prototypiste developper, shoes chez DECATHLON Sabrina Oliveira, coordinatrice de la Chaire et designer, Advanced design chez DECATHLON.

Encadrement :

Romain Blot, référent pédagogique et enseignant Accessoires en Design Vêtement.
Jean-Noël Gertz, fondateur et président de Cycloponics.

Lena Manns
Emma Pin
Lucy Zhang

Ce projet s’articule autour de trois notions : repenser les modes de productions des produits de grande consommation, faire dialoguer différents acteurs riches de savoir-faire au sein d’un territoire délimité et concevoir des produits à partir de matériaux naturels entièrement compostables.

Il s’agit de s’attacher à des filières de production délaissées, ici le point de départ est une parcelle de lin en Lorraine, située à Trésauvaux. Après l’établissement d’une cartographie des corps de métiers de la région, les collaborations apparaissent nombreuses et le champ des possibles large. Sont identifiés le réseau des AMAP de Lorraine (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), une saboterie à La Bresse, une brasserie-champignonnière à Maxéville, mais aussi plusieurs manufactures de tissages désaffectées, les anciens locaux d’une bonneterie, ou la richesse du tissu associatif de la vallée du Rupt de Mad. De ces différents lieux est né la conception d’une chaussure compostable. À l’image du sabot lorrain qui se porte avec un chausson et une semelle de paille, la chaussure est composée de trois parties ; une chaussette tricotée en lin, un sabot feutré en lin et une semelle en mycelium qui se développe sur un substrat en lin et en bois. À terme, il s’agit d’imaginer une production locale, afin de réinvestir des industries délaissées, porter des savoir-faire reclus comme le sabot et développer la recherche autour du mycelium. Le projet s’attache à développer les conditions de production d’une chaussure sensible témoignant d’un écosystème, d’une filière et d’humains qui y travaillent. Par extension, cette recherche vise également à penser la fin de vie de la chaussure qui se réintègre au territoire qui l’a fait naître.

Kawter El Massioui
Sophiane Faret
Bravan Nunes
 

Comment développant une chaussure outdoor aux spécificités nouvelles ? Comment se réapproprier son environnement en étant au plus proche de la nature ?

Ce projet vise à revenir à l’essentiel : proposer un objet simple et ergonomique. Les chaussures outdoor proposées sur le marché sont très largement rigides et épaisses. Elles protègent certes, mais contraignent le pied et le corps et limitent l’expérience de celui qui la porte en réduisant son ancrage et ses sensations. Cette problématique est pointée par des professionnels de santé, car elle est source de pathologies. Avec le temps, le pied s’affaisse et perd de sa ténacité. Qui n’a jamais souffert d’ampoules, entorses, tendinites ou maux de chevilles, de genoux ou de dos ?

La chaussure ici développée s’adresse aux personnes sédentaires, aux amoureux de la nature, aux sportifs en quête d’expériences nouvelles. Inspirée du biomimétisme, la chaussure est dotée d’une semelle fine dont l’empreinte imite les traces que peuvent laisser la faune et la flore. Sa tige prend la forme d’une chaussette en maille, permettant de contenir le pied tout en le laissant libre. Cette chaussette est consolidée d’une bio-résine d’algue.

La particularité de cette chaussure réside aussi dans sa modularité et dans la diversité de ses fonctions. Grâce à un système de liens et de mousqueton intégré, semelles et tiges sont interchangeables, elle peut s’adapter à différentes activités et environnements.
Loin du mythe de la performance à tout prix, cette chaussure incarne la nécessité d’envisager la nature comme un espace de communion entre l’humain et la biodiversité. Elle invite celui qui la porte à ne faire qu'un avec son environnement et à le respecter afin de le préserver.

Maxence Bassett
Sara Genin

Le projet VARECH est une rencontre formelle et sémantique entre deux éléments : la ballerine et l’univers marin.

Cet objet est mis en regard avec une problématique écologique d'actualité : la multiplication des algues invasives résultant du réchauffement climatique et du dérèglement des écosystèmes.

Les parties en maille de la chaussure sont constituées de coulisses interrompues, qui laissent passer des lacets. Ils sont issus de surplus de productions et forment des boucles qui s’entremêlent. À la fois esthétique et fonctionnel, ce principe permet d’agencer les différents empiècements tricotés entre eux, en fixant la tige et la semelle. Les boucles évoquent un aspect ondoyant qui rappelle le mouvement des vagues. Elles recouvrent la chaussure de manière organique comme façonnée par la mer.

Les empiècements de la tige peuvent être de maille ou de cuir. Dans le cas du cuir, il est possible de le sublimer de motifs d’algues et de vagues via la technique du cyanotype. Cette méthode d’impression photographique à la fois artisanale et peu polluante est une alternative écologiquement viable et esthétiquement intéressante.

Yun-Lun Cheng
Sooyun Jo

EMBALLADEUR incarne le souvenir d’un emballage oriental. Les pays asiatiques tels que Taïwan et la Corée cultivent des fruits souvent plus fragiles qu’en Europe. Il n’est pas rare de les trouver au marché protégés de manchons, en filet de mousse extensible.

De ce souvenir partagé par Yun-Lun et Sooyun et des pratiques et usages de leurs familles est né un projet de chaussure outdoor.
Le père de Sooyun était fermier, spécialisé dans la culture de nashi kosui (pomme poire). Il portait au quotidien des chaussures de randonnée, car elle était adaptée à son travail et de manière plus rare, pour des sorties spéciales, des chaussures de cuir. Les parents de Yun-Lun faisaient quant à eux usage de bottes de pluie au quotidien.

EMBALLADEUR est une chaussure hybride, qui mélange l'idée de chaussures de randonnée, de bottes de pluie, de chaussures en cuir et d’emballages. Elle est composée comme un patchwork : sa tige de cuir rappelle les lignes d’une ballerine de cuir. Elle maintient le pied par le biais d’une bride, elle est discrète, épurée et imperméable tout en restant respirante. La semelle de la chaussure est antidérapante et amortissante afin de permettre l’activité outdoor. Semelles et tiges sont fixées par le biais d’un filet de cordes composées de tissus recyclé et de lacets élastiques. Cette solution offre solidité et facilité d’usage.

Lola Coulonges
Tom Wernoth

Ce projet prend la forme d’un travail de recherche, ciblant la revalorisation des déchets issus des équipements de sport. L’acquisition de matériel sportif à deux spécificités : il est régulièrement renouvelé dans un souci de performance et trop peu acheté d’occasion ou recyclé. Souvent, le matériel est acheté neuf, il sert un temps, puis il dort dans un placard ou dans un garage, et dans le pire des cas il est jeté et détruit sans être recyclé. Le ballon de foot en est un parfait exemple.

Le projet RANDONNEZ, C’EST GONFLÉ ! vise à réemployer les différentes matières constitutives d’un ballon de foot, dans le domaine de la chaussure de randonnée. En disséquant un ballon de foot, sa complexité de fabrication apparaît. Celui-ci se compose très largement de trois couches contrecollées : une couche externe très résistante, constituée de modules hexagonaux, refermant une chambre à air gonflable de caoutchouc, contenue par un filet ou une membrane.

En séparant ces trois couches et en réinvestissant leurs fonctions, il est possible de concevoir des chaussures de randonnée. A partir des modules hexagonaux de la couche supérieure d’un ballon, jusqu’à 3 chaussures peuvent être dessinées. La chambre à air présente à l’intérieur de la balle permet de réaliser une semelle amortissante. Enfin, le filet ou la membrane d’une balle peut être réinvestie afin de maintenir la tige d’une chaussure.

Xavier Lamarre
Jeanne Paillard
Tom Goetz

Le cycle de vie d’une chaussure se compose de quatre temps : transformer de la matière première, la fabriquer, l’utiliser, choisir sa fin de vie. Une chaussure outdoor est un objet complexe pouvant contenir un nombre très important de parties distinctes et aux compositions très variées. Comment en faire un objet respectueux de l’environnement dans chacun de ces temps de vie ?

Notre projet vise à développer une chaussure composée uniquement d’une semelle, de lacets et d’un mousqueton, auxquels s’ajoute une pièce de cuir.

La semelle est conçue de manière à pouvoir accueillir un mousqueton dans le creux du talon, ainsi que des gouttières pour les lacets. Ensemble, lacets et mousquetons rendent la chaussure résistance, confortable et modulable.

Les lacets et les mousquetons sont des éléments que nous avons tous à la maison, ils sont robustes et polyvalents, notamment lors d’activités outdoor. Les matières qui constituent la chaussure sont très peu nombreuses : il y a la matière de la semelle, et celle de la tige. Structurée ainsi, la chaussure se démonte et se recycle facilement.

La chaussure et ses éléments modulables peuvent être imaginés au sein d’une collection incluant des sacs ou des vêtements. Chaque élément pourrait ainsi avoir plusieurs usages et permettre l’adaptation et la customisation d’une veste ou d’un sac à dos par exemple.