Tsidjesi-Sika Boucher

Entre deux rives : Tsidje, la source

Tsidjesi-Sika Boucher

Entre deux rives : Tsidje, la source

Tsidjesi-Sika Boucher ©Beryl Libault

Écho d’un lieu singulier, cet espace vestimentaire féminin est à appréhender comme un espace de l’imaginaire, terrain de recherche à dessein universaliste.

Le projet

Car, si le présent sujet relève d’abord de l’intime, la collection proposée entend dépasser la vision binaire fréquemment portée sur les personnes à origines multiples. Elle symbolise et donne corps à une troisième dimension, latente mais inhérente à tout individu communément appelé « métis ». Au-delà des éléments tangibles recueillis dans la forêt et dans les archives familiales, ce
sont les souvenirs nourriciers qui, liés à une aspiration d’ancrage, créent un vestiaire partagé à l’esthétique naïf. Ennoblies ou tissées main, les étoffes jouent un rôle essentiel. Les mouvements sensibles de la flore s’y reflètent, le volume y prend son caractère éthéré. La forme bande, patente ou non, est omni présente ; elle est empruntée à la tradition du kenté éwé mais également aux lianes et aux végétaux tapissant le sol et le ciel de Tsidje. Elle s’inscrit dans la linéarité du marigot qui y prend naissance. Abritant en son sein jeux, sonorités et anecdotes, le vêtement est une métaphore du corps. Les corps de deux soeurs, presque jumelles, en qui toujours subsiste un enchantement de l’air, face à la réalité d’une condition identitaire originelle. Ainsi les influences occidentales et africaines coexistent et se meuvent sur des frontières vaporeuses. L’essence du vêtement, elle, se trouve ailleurs : entre les deux rives, émerge, coule Tsidje, la source.