Auriane Séverin

Résumé

"Les "forêts verticales" et autres "tours végétales" qui fleurissent un peu partout dans le monde sont l'illustration formelle de ce que l'on aime appeler la "végétalisation des villes". D'autres expressions, telles que "nature en ville" ou "verdissement des villes", envahissent les médias, les publications et les discours d'architectes/urbanistes. Et pour cause, depuis plusieurs années déjà, la question du végétal en ville ne cesse de faire parler, d'enthousiasmer et semble même faire consensus chez le plus grand nombre quant au futur des villes. A en croire le discours général, il suffirait alors de végétaliser les villes pour les rendre vivables et agréables à vivre. Mais il est évident que ce n'est pas en construisant de hautes tours aux façades et toitures végétalisées que la ville pourra devenir "durable". Il me paraît même dangereux de tenir, d'alimenter et de faire vivre ce type de discours, voire de s'en féliciter. On s'éloigne alors du réel problème en détournant l'attention : c'est la ville en elle-même et sa manière de s'inscrire dans le monde qui est problématique.

C'est son rapport à l'environnement, à ses habitants et au vivant de manière générale qui est destructeur. Les nombreux problèmes rencontrés en ville auxquels nous commençons à faire face à mesure que le réchauffement climatique s'accélère, ne sont que la résultante d'un modèle qui ne fonctionne pas, et ce n'est certainement pas en ajoutant un peu de verdure en ville que nous les résoudrons. Alors en quoi les toitures et façades végétalisées sont-elles symptomatiques du rapport de notre société urbaine au vivant ? En quoi permettent-elles d'affirmer la nécessité de réinventer notre relation au vivant et au monde ?"