Betty Pomerleau

Grésil

Betty Pomerleau

Grésil

Betty Pomerleau © Amélie Canon

pour faire apparaître les dragons Elle illustre presque chaque mot avec ses mains. Il y a quelques jours, elle a rêvé d'une vieille grange qui écrasait des pommes dont le jus s'écoulait goutte à goutte de sa porte entrouverte, comme une clepsydre géante et parfumée.

Le projet

À un moment donné, elle dit :

- Le mime corporel est à la fois plus cartésien et beaucoup plus poétique que la pantomime. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas un art sans mots. Ce qui m'intéresse le plus dans le mime, c'est sa nomenclature, où chaque mouvement, chaque pause, chaque ponctuation, chaque corrélation portent un nom bien précis. C'est un système grammatical basé sur des symétries et des &symétries. Par exemple, celles des mains. Les symétries de la main: le trident, la coquille, la salamandre et la marguerite, qui, une fois qu'elles sont exécutées une à la suite de l'autre, font apparaître, comme ça, sur notre main, une vague.

Il y a aussi les asymétries des mains où chaque doigt se positionne différemment. Par exemple, il y a « la prise », mais ma préférée, mon asymétrie préférée dans le mime, c'est celle de la feuille morte. Que voici. Comme ça.

Elle fait le geste. Elle observe un court silence, puis elle tourne la page. Elle raconte que lorsqu'elle était petite, elle s'imaginait que le sol de leur maison était en fait la surface des eaux les plus profondes de la Terre. Dans chaque pièce vivait une créature marine. Dans sa chambre, elle craignait d'être dévorée par un épaulard. Chaque soir, elle bondissait en l'air afin de réduire le nombre de pas nécessaires pour atteindre son lit~bateau sans se faire avaler. Puis elle s'endormait en prenant soin de garder ses mains sous les couvertures. Il est probable que ses rêveries aient été inspirées par un paysage d'hiver. Elle avait vu chaque année les vagues du Cap Diamant se figer en une fine couche de glace sur laquelle il devenait presque possible de s'aventurer.