Image du pouvoir, pouvoir de l’image
Alice Amoroso
Image du pouvoir, pouvoir de l’image
Mon diplôme aborde des questions de représentation de notre monde contemporain. À travers la réinterprétation des catégories traditionnelles de l'objet d'art occidental et chrétien, je cherche à porter un regard sur les implications et les réalités qui se cachent derrière la permanence d'une posture dominatrice issue d'un ancien monde.
Le projet
D'abord en analysant, puis en déplaçant et détournant une iconographie associée au faste du passé, j'interroge la permanence d'une position conservatrice, ethnocentriste et impérialiste, alors même que les vieilles puissances perdent leur emprise sur l'actualité. Loin de ces images de la Grande Histoire où l'Europe était magnifiée, mes céramiques, mes tapisseries, mes textiles et mes vitraux sèment le trouble, à la manière du travail de Grayson Perry ou du Keiskamma Art Projet. Pour être à même d'actualiser un corpus visuel ancien, mon processus créatif passe par une phase de recherche autour des formes de mise en image et de narration au Moyen-Age.
Mon travail rejoue un vocabulaire graphique traditionnel et le colore d'un sens politique contemporain, comme le font Abbas Akbari, ou Khadim et Sher Ali à partir de leurs propres références culturelles. Aussi, tout participe à dessiner l'image du pouvoir : depuis les espaces centraux où s'érigent les personnages et les actions, jusqu'aux espaces périphériques, où l'ornement dépasse l'esthétique conventionnelle et porte un message dissident.
Si les pièces que je présente semblent se conformer par leurs volumes aux modèles anciens, la plupart en diffère techniquement. Mis à part les céramiques et les vitraux, elles s'avèrent être un leurre: la sérigraphie sur textile imite le brocard, le tissage jacquard et le détournement de ses logiciels reproduit l'effet du métier de haute lisse...
Cette pratique me permet de questionner, à travers les procédés de fabrication, le pouvoir sémantique des images.