Emma Bertin

Cet état, solide, que l’on ne pouvait observer qu’en un lieu précis, s’est subitement converti en un état fluide où celles-ci sont devenues dématérialisées, connectées, éphémères, partagées à l’ère du numérique.
Dans ce brouillard d’informations, les images défilent sous nos yeux, s’impriment sur nos rétines, s’accumulent, se superposent comme des palimpsestes dans nos mémoires et nos imaginations.
Dupé par cette saturation, l’œil voit sans regarder, sans même plus s’en apercevoir. Ces milliers d’images qui défilent sur nos écrans, naissent et disparaissent presque instantanément, perdant leur force jusqu’à nous échapper.
De ce flux continu j’essaye de capturer des formes, de me les approprier en les manipulant pour transmettre la sensation paradoxale qu’une surabondance d’images nous aveugle en même temps qu’elle nous abreuve.
A l’inverse de représentations claires et frontales, je cherche à solliciter le regard du spectateur en créant des formes fluides, simultanément familières et indéterminées, évanescentes et concrètes.
En troublant notre rapport à l’image par la privation du détail, je souhaite offrir au spectateur une potentialité créatrice : l’image est-elle en train d’apparaître ou de disparaître? Quelle est la forme dissimulée? Suis-je bien sûr de ce que je vois?
Mon projet de diplôme est une invitation à nous interroger sur notre relation aux images à travers l’image elle-même, et à prendre conscience de l’acte de voir.