L’autre scène
Maceo Goy-Clairet
L’autre scène
« Sans cet abri permanent du mensonge, j’aurais tout simplement été moi-même », écrit Hubert Monteilhet. Dans la série des mécanismes dont nous disposons pour nous arranger avec la réalité, nous avons l’embarras du choix. Parmi eux, il y a la dénégation, le mensonge, le déni ou le désaveu, et puis il y a l’imaginaire. L’imaginaire est un lieu qui s’apparente à celui de la mémoire.
Le projet
Dans L’Art de la mémoire (The Art of Memory, 1966), Frances Yates décrit le fonctionnement mnémotechnique comme un théâtre fondé sur des « imagenes » et des « loci ». En prenant l’apparence d’« imagenes », l’imaginaire s’introduit et se loge dans nos souvenirs et plus particulièrement ceux liés à l’enfance. Cela a pour effet de transformer les faits en fiction, faisant d’eux des vases communicants. Pour démasquer cette réalité, que certains caractériseraient de tronquée, une seule méthode, donner la parole au doute.
Celui-ci est un narrateur ayant son propre théâtre, son propre décor, l’autre scène. C’est un lieu où le signifiant s’expose, se figure, impatient de se mettre en image. Peuplée d’une troupe excessivement bavarde, cette scène s’impose dans notre réalité matérielle. On y joue un genre de tragi-comédie assurément autofictive. Si l’on me demandait de regarder la réalité en face, je répondrais laquelle ?
Technique mixte.