Le sens de la matière
Enzo Denarie
Le sens de la matière
Jusqu’au milieu du xxe siècle, les bâtiments et intérieurs en fin d’usage servaient de ressources comme matériaux de construction. Cette pratique de remploi a disparu au profit d’une production de masse. Toujours plus rapide, rentable et globalisée, celle-ci a écarté la main de l’artisan au bénéfice de la machine. L’architecture est aujourd’hui génératrice de déchets, tant dans le gros œuvre que dans le second œuvre.
Le projet
Chaque année, les constructions engendrent l’extraction de millions de tonnes de terre (déblais). Cette matière géosourcée est disponible en abondance. Quant aux déchets issus du second œuvre, un tiers seulement est dit « valorisé ». Le bois, par exemple, est principalement aggloméré avec des colles ou incinéré afin d’alimenter énergiquement des cimenteries. Mais peut-on parler de valorisation lorsque les potentiels d’usage de ces déchets ne sont pas explorés ?
En tant qu’architecte d’intérieur, comment penser un modèle de valorisation de ces déchets en cycle court ? Comment transformer ces matières premières afin de façonner nos espaces ?
Une réflexion en cascade se met en place, entre expérimentations techniques et approche sensible. D’abord, il s’agit de mettre de côté les ressources réemployables, puis, à la manière d’un tamisage, de penser un matériau qu’un protocole décline en plusieurs états, sous plusieurs formes.