Restanza
Marianna Faleri
Restanza
Nous sommes tous sous un ciel de papier pouvant se déchirer à tout moment. La seule chose à ne pas laisser s’envoler et à garder précieusement est l’identité du lieu, un halo impalpable, un fil très fin, qui est l’histoire de cet espace, la vie derrière ce décor. Car si l’on ne tient pas le décor, maintenu par un fil subtil à ne pas détisser, il va tomber. Restanza est une œuvre spatiale faisant corps sur trois lieux, comme une traversée. Le parcours débute dans la stanza (chambre), se poursuit vers le centre, l’installation des restes.
Le projet
Enfin, l'on se trouve devant un lieu d’étincelles, la Restanza. Errer dans la matière. Celle-ci est la porte d’entrée d’un espace-seuil fait de voiles, où chaque élément restant est une possible projection d’un passé, une potentielle identité. Ce projet s’intéresse à la relation que nous entretenons avec les lieux, le « nous » qui se tient derrière les fragments, les restes de l’espace. Partant d’une recherche menée sur l’instabilité du décor urbain et la fragilité de la ville, l’espace devient ici une matière sensible composée d’un décor instable. Si le contexte spatial peut être symptomatique d’un échec sociopolitique, à travers ses ruines et lieux abandonnés ─ comme en témoignent les opere incompiute (bâtiments inaccomplis), squelettes architecturaux inachevés en Italie ─, il est aussi le symbole d’un espace-peau, vieillissant avec nous et qu’il faut préserver, écouter. Marianna Faleri cherche à comprendre la raison pour laquelle il est important de revenir à la source de l’espace, l’identité de celui-ci et la sienne propre. L’espace devient un lieu de recherche, une enceinte archéologique pour composer des vestiges à partir d’un chemin que Marianna Faleri a fait pendant cette année d'étude, oscillant entre les lieux de son enfance et de nouveaux paysages de sa terre. Restanza est un espace poétique habillé d’éléments à la fois fragiles et éternels. Un chantier en évolution et maintenu par un fil. L’anthropologue Vito Teti parle de « la Restanza » comme d’« un lieu à protéger et, à la fois, à régénérer en continu ».
Légende : installation immersive, porcelaine, textile, bois.