Sintafoam Diary
Victoire Gonzalvez
Sintafoam Diary
Le terme sintafoam désigne une résine polyuréthane utilisée majoritairement dans l’industrie du jouet et du divertissement afin de produire rapidement et à bas prix n’importe quelle forme avec un large choix de rendu de surface.
Le projet
La consistance du beurre dans un décor de parc à thème, le rendu d’un œil mutilé à l’écran, les qualités mécaniques d’une basket, le standard d’un hymen synthétique pour la grande distribution : qui est à l’origine et pour qui sont fabriquées ces formes qui nous entourent aujourd’hui ? Quelles méthodes de production engendrent un univers tangible, homogène et lisse, sans une aspérité pour s’accrocher ? Pourquoi l’invitation au contact est-elle progressivement en train de disparaître ? Qu’est-ce qui provoque le sentiment d’un espace aseptisé, proportionné, calibré, digne d’un décor de Disneyland ? Un décor auquel nous ne semblons plus appartenir dans un contexte occidentalisé.
Les formes de l’installation Sintafoam Diary ont été nourries de rencontres avec différents corps de métiers qui ont en commun de produire des simulacres. Une immersion au sein d’un atelier d’effets spéciaux, des entretiens avec un styliste culinaire, un fabriquant de parquet en imitation bois et une entreprise de sculpture de parc d’attraction sont les points de départs de mes autopsies.
Il existe des possibilités infinies de fabriquer du vrai selon la face que l’on souhaite montrer.
L’imitation devient alors une interprétation, une traduction, la relique d’une substance absente. Ce qui m’intéresse n’est pas de démystifier l’illusion mais plutôt de renouer un lien, en explorant de l’intérieur cet environnement artificiel auquel l’accès nous serait fermé.