Vers le fini et l’au-delà
Roxane Célérier
Vers le fini et l’au-delà
Le designer a pour mission d’anticiper, de prévoir les tendances et de les transmettre. Or, si la tendance était à l’effondrement de tout un système, comment s’en faire l’écho ? Se pose alors la question du médium utilisé pour toucher le plus grand nombre.
Le projet
La tenture devient un moyen d’expression à part entière. Exposée, elle se revêt de l’essence noble et sensible du textile. À l’instar des étoffes royales indiquant la présence de la cour, des rideaux de théâtre ou des écrans de cinémas évoquant le début d’une représentation, la tenture souligne qu’une action va se dérouler. Exit la simple affiche placardée que son omniprésence aliénante rend invisible. Devant la tenture, on s’arrête, on l’observe et on s’interroge. L’œuvre, par sa matière, perdure comme une pièce manifeste de son temps. Elle marque ainsi la fin d’une ère ultra-rapide. Un retour à l’histoire de la monstration s’opère, écho des tapisseries historiques comme celle de Bayeux.
À ce support fixe répond l’utilisation du QR code pour signifier le mouvement. Les choix que le spectateur est amené à opérer en flashant les QR codes stimulent son intérêt de façon ludique. Il prend des décisions et devient un acteur du moment présent en même temps que le capitaine de son futur. Le titre Vers le fini et l’au-delà, clin d’œil à la célèbre phrase du film d’animation Toy Story, traduit l’envie de réaliser une œuvre ludique. La formule détournée fait référence à l’épuisement des richesses.
Dans un souci écologique, la pièce est tissée en trame avec un fil issu de la revalorisation de cinq autres fils « déchets » de chez Bugis. Entièrement en coton, l’œuvre est 100% recyclable. La partie numérique est traitée à la manière des premiers jeux électroniques.
Leur esthétique sobre permet une économie d’énergie non négligeable en comparaison du bilan carbone élevé des technologies plus récentes.