F, F, F,… allô tu m’entends ?
Léa Guillon
F, F, F,… allô tu m’entends ?
Lorsqu’un message se diffère, le temps se désarticule. La tekhnè de l’écriture suppose l’abandon d’une présence orale, de l’instant. Le message en transmission décrit un moment passé, la minute a déjà filé pendant que celui-ci se destine. Arriver à destination pose implicitement ceci, "d’où et vers où pourrait-on dériver pour arriver ?Dériver et arriver sont inséparables. Cette tragédie de la destination nous place tous dans la destinerrance, celle de la vie." (1)
Le projet
L’image quant à elle, serait abolition de la distance mais en même temps apparition du lointain, force spectrale qui excède toute parole. L’étrangeté d’un rapport suppose une distance irréductible entre deux choses. Alors, le temps de la correspondance est-il celui du temps où la langue faillit? « F, F, F,… (forme, format, formation) allô tu m’entends? » a pour but de s’aventurer sur les chemins de la correspondance, des médias qui nous entourent et conditionnent nos échanges. Quels sont les possibles liens ou différences entre langage poétique, littéraire et langage quotidien destiné à la communication et à la transmission de message? Existe-t-il un graphisme épistolaire, aux formes identifiables? À l’inverse, que faire du langage en figuration, celui de l’in-formation, de l’informulé ou bien encore du formulaire? Ce bruit sourd possède t-il un poids, est-il différent de celui que je fabrique? Faire attention à ce qui nous entoure serait tentative de désigner et de réifier les petites formes, "Design is to transform prose into poetry ?" (2)
(1) Catherine Malabou et Jacques Derrida, La contre allée, 1999
(2) Paul Rand