Benjamin Azoum

L’émergence de la chevalerie au Moyen Âge, une force militaire noble régie par des codes, marque un tournant fondamental dans l’histoire du costume : pour la première fois, le registre de la guerre se sensibilise. Virilité et délicatesse, deux notions jusque-là antinomiques, se rapprochent, modifiant ainsi l’allure masculine. Au regard des remises en question sociétales de la définition même de masculinité, dite « toxique », ce projet concourt à réinventer une nouvelle masculinité. Une deuxième inspiration associe cet imaginaire historique à un registre sportswear, plus contemporain. Le vestiaire se compose ainsi de vêtements dont l’allure évoque l’époque médiévale (longues capes, chemise à plastron, pourpoint) tout en révélant l’esprit sportif à travers le choix des matières et du graphisme. Les capes gardent l’ampleur de celle des chevaliers mais la matière technique imperméable, les incrustations ou le flocage de numéros renvoient au lexique athlétique La chemise à plastron conserve sa structure et ses détails, comme ses plissés et l’empiècement pectoral, mais elle est augmentée dans son volume et devient un coupe-vent technique qui s’ouvre avec deux fermetures pour faciliter l’aisance des mouvements. Le pourpoint, une pièce historique phare de cette collection, se mue en une veste en maille vert forêt, sans manche et zippée, qui vient dessiner le corps grâce au passepoil en silicone jaune. Le tee-shirt asymétrique entaillé rappelle les déchirures des tissus, celles provoquées par l’impact de la lance lors du combat équestre, mais aussi celui des contacts agressifs pendant les matchs de rugby. Cette façon de repenser la silhouette masculine redéfinit un vestiaire masculin alliant vêtements traditionnels et étoffes fluides, colorées, plus inclusives.