Revue des diplômé·es 2025

NE PAS EN RESTER LÀ

Entre institution et sismographe, l’École des Arts Décoratifs – PSL est à la fois ancrée dans l’histoire et réactive aux mutations du temps. Engagée dans les évolutions de l’enseignement artistique et les mutations sociales, imaginaires et technologiques, elle a vocation à former des artistes et des designers qui ne se contentent pas de s’insérer dans un monde déjà là, mais qui œuvrent à sa transformation. Comme un organisme vivant, elle absorbe les éléments qui composent l’air du temps, les métabolise et les projette dans un monde auquel et avec lequel elle réagit.

C’est cette réactivité et cette vitalité que ce nouvel AFTER invite à appréhender, à travers près de 200 parcours de formation, qui se sont achevés en 2025, en master, post-master ou doctorat, sur le site de la rue d’Ulm, dans l’une de nos six antennes régionales ou dans une école primaire de banlieue. Sont ici plus précisément réunis 196 projets, issus des divers parcours de formation de notre école : 135 projets de master dans l’un de ses dix secteurs (Architecture intérieure, Art Espace, Cinéma d’animation, Design graphique, Design objet, Design textile & matière, Design vêtement, Image imprimée, Photo-Vidéo, Scénographie), 15 projets du master Mode & Matières (ENAMOMA), conçu et mis en œuvre en collaboration avec l’Université Paris Dauphine – PSL et Les Mines – PSL , 5 thèses de doctorat préparées et soutenues au sein de notre laboratoire de recherche ENSADLAB, 2 projets du post-master « Artiste intervenant en milieu scolaire » et 39 projets menés par les 33 résident. es du post-master multi-situé « Design des Territoires ». Autant de regards singuliers, de savoir-faire mobilisés et d’engagements dans les formes et les usages.

L’ensemble de ces projets fait émerger une certaine tonalité : celle d’une génération qui, face à l’incertitude d’un monde vacillant, oppose une exigence de lucidité et une attention aiguë aux vulnérabilités – une génération qui questionne les récits dominants, ravive les histoires effacées et imagine des relations plus justes entre les diverses formes du vivant. Dans toutes les dimensions des arts décoratifs, entendus comme arts de vivre et d’habiter notre maison terrestre, se fait jour une même volonté de ne pas en rester là. Par les moyens de l’art et du design, s’inventent de nouvelles alliances sensibles et s’ouvrent des perspectives sur des futurs plus désirables que ceux qui nous sont aujourd’hui promis.

En accord avec ces nouveaux horizons, le design graphique de la publication qui les rassemble a été confié à Alec Vivier-Reynaud, diplômé en 2024, dont la démarche est un hommage au vivant. Le graphisme naît ici du comportement des éléments organiques avec lesquels le designer travaille : textures, grains, variations et imprévus deviennent la matière première du projet. Deux typographies éco-conçues – un caractère de labeur perforé pour limiter l’usage d’encre et une typographie de titrage imprimée à l’encre vivante en Talaromyces islandicus – incarnent un engagement écologique fait de sobriété et de coopération avec la nature. Dans le même esprit, les papiers, recyclés ou enrichis de fibres et de résidus organiques, participent de la grande aventure du vivant qui, à sa façon toujours active et débordante, n’en reste jamais là.

Ne pas en rester là, c’est là finalement ce qu’on peut souhaiter de mieux aux artistes et designers ici réuni.es : que les projets auxquels iels ont pu donner forme pendant leurs années bien nommées de formation leur permettent de poursuivre sur les voies prometteuses et vertueuses qui s’ouvrent à chaque page.

Emmanuel Tibloux
Directeur de l’École des Arts Décoratifs - PSL